Le Prieuré de Madiran :
Un Joyau Historique au Cœur du Vignoble Marie Maria
Au sein du riche patrimoine historique du vignoble Marie Maria se trouve un trésor méconnu : le prieuré de Madiran. Cet édifice, imprégné de siècles d'histoire, trouve ses racines dans une époque lointaine, vers l'année 1088, lorsque fut établi ce lieu de spiritualité et de culture au sein du diocèse de Tarbes.
Les premiers pas de cette institution remontent à une relation détaillée retrouvée dans le cartulaire de Madiran, conservé précieusement dans les fonds Doat à la Bibliothèque nationale de France. Cette relation, rédigée avec soin, raconte la fondation du prieuré et les actes généreux de donations qui l’ont accompagnée. On y découvre ainsi l’histoire fascinante de Sautius, chevalier de la noble lignée des seigneurs de Madiran, fils de Garsan, lui-même fils de Loup, surnommé Picoth. Venant d’Espagne, Sautius fut le premier à chercher refuge à Madiran avec la permission du comte de Bigorre, Raymond, et participa activement à la défense contre les ennemis aux côtés de Garsie Arnaud, comte de Bigorre.
Ce récit captivant nous transporte dans les méandres de l’histoire, révélant comment Sautius, après avoir été reçu en religieux par l’abbé de Marcillac, contribua à l’expansion du monastère de Madiran, notamment en bâtissant une église. Les efforts de Sautius pour affranchir le monastère et les intrigues qui ont suivi, avec notamment la transmission de ses biens au monastère et les luttes pour sa possession après sa mort, dépeignent un tableau vibrant de la vie médiévale.
Au fil des siècles, le prieuré de Madiran a connu des périodes de prospérité, mais également des temps de turbulence. Des figures marquantes telles que Guillaume Par, Bernard, et Eraclius, évêque, ont laissé leur empreinte sur son histoire mouvementée. Les conflits fonciers, les luttes de pouvoir et les interventions des autorités religieuses et civiles ont ponctué la vie de cette institution.
L’histoire du prieuré de Madiran est un témoignage précieux de la vie quotidienne, des croyances et des dynamiques sociales de l’époque médiévale. Les documents retrouvés dans le cartulaire de Madiran offrent une fenêtre fascinante sur ce passé riche en rebondissements.
Aujourd’hui, le prieuré de Madiran se dresse toujours, fier témoin d’un passé glorieux. Dans le cadre enchanteur du vignoble Marie Maria, il continue d’inspirer et d’émerveiller les visiteurs, les transportant à une époque où les chevaliers et les moines forgèrent ensemble le destin de cette terre.
Que l’on soit passionné d’histoire, amateur de vin ou simplement en quête de beauté et d’authenticité, une visite au prieuré de Madiran promet une expérience inoubliable, imprégnée de mystère et de grandeur médiévale.
Résumé qui précède le cartulaire de Madiran dans le fonds Doat à la bibliothèque nationale de France*.
“Environ 1088 – Relation de la fondation du prieuré de Madiran du diocèse de Tarbes avec les actes des donations faites audit prieuré contenues dans un ancien registre en parchemin trouvé aux archives des Pères Jésuites de Toulouse qui jouissent du dit prieuré ; lesquelles donations sont sans date à la réserve de deux, sauf que les comtes, archevêques, évêques et autres personnages de qualité qui vivaient au temps où lesdites donations furent faites y sont nommés ; de laquelle relation et donation la substance est marquée en signes particuliers.
Relation de la fondation du prieuré de Madiran contenant que Sautius chevalier, qui était de la race des seigneurs de Madiran et fils de Garsan, fils de Loup surnommé Picoth, venant d’Espagne qui fut le premier chevalier qui se réfugié à Madiran avec la permission de Raymond, comte de Bigorre, qui alla souvent repousser les ennemis avec Garsie Arnaud, comte de Bigorre ; qu’ayant été fait consul de toute la Gascogne, sa réputation s’étendit si loin qu’il reçut beaucoup de visites, entr’autres d’Etienne, abbé de Marcillac, qui le mena dans son abbaye, où il lui donna l’habit de religieux ; d’où étant retourné à Madiran, il fit agrandir le monastère et bâtir une église et alla après trouver Ricard évêque et ledit Garsie Arnaud, comte pour les prier de faire en sorte que les seigneurs de Madiran affranchissent ledit monastère ; lesquels s’étant assemblés avec les chevaliers et prud’hommes voisins, convinrent que pour cet effet ledit comte quitterait à Raymond Arnaud et à Santius Arnaud qui étaient les principaux seigneurs dudit lieu une albergue de 50 cavaliers qu’ils lui payaient tous les ans. Que quelques années après ledit Santius se voyant proche de mourir envoya chercher un nommé Bonus Par, son cousin, pour lui déclarer qu’il avait donné ledit monastère et tous ses biens audit abbé de Marcillac et pour lui dire de quitter sa femme et de se faire raser et couper les cheveux et qu’après qu’il aurait pris l’habit dans l’abbaye de Marcillac de reprendre ledit monastère ; qu’après la mort dudit Santius ledit Bonus Par se voulant mettre en possession du monastère, alla trouver avec les deux frères lévites, ses cousins, Bernard comte et Eraclius, évêque et les pria de se rendre à Madiran avec Aimeric, comte d’Auch, Bernard, comte d’Armagnac, Gaston comte de Foix, et les chevaliers voisins, pour mettre en liberté et sûreté le lieu de Madiran ; ce que lesdits évêques, comtes et chevaliers ayant fait, jurèrent de ne faire aucun tort ni dommage audit lieu ; que ledit Bonus Par parvenant à mourir, laissa ledit monastère sous la conduite et régime de Guillaume Par, son fils ; lequel ayant acquis d’un nommé Guillaume Donatus les dîmes des églises de St Léon, de St Marie de la Grasse et de St Michel de Sault, tua en duel Raymond Lupus de Lidos pour raison du bois de Médiana, où il se fit bâtir des hameaux et vécut, misérablement pendant quelque temps, mais que Pons évêque set Centullus comte, ayant appris sa mauvaise vie l’auraient chassé et mis à sa place un nommé Bernard qui acheta l’église de St Michel de Hagedet d’Etienne qui en était abbé ; que dans peu de temps, Gombert qui fut le quatrième abbé de Marcillac après ledit Etienne, son prédécesseur se souvenant que ledit Santius avait donné ledit monastère de Madiran audit Etienne alla trouver avec Vinald abbé de Moissac, Guillaume archevêque d’Auch, et lui fit voir en plein concile, l’usurpation qu’on lui avait faite du lieu de Madiran où Bernard était présent, sur quoi le dit archevêque consulta Pons évêque de Bigorre, et que ledit Gombert étant après en possession dudit monastère nomma B… pour en être abbé.”
* Collection de 258 volumes reliés. Copies d’actes anciens intéressant la Guyenne et le Languedoc. Copies faites de 1664 à 1669 sous la direction de Jean de Doat pour le compte de Jean-Baptiste Colbert. Cette collection, acquise en 1732 par la Bibliothèque royale, fait partie des “Collections sur l’histoire de diverses provinces”.