L'appellation Madiran couvre cinq collines orientées du nord/nord-ouest vers le sud/sud-est. Nous exploitons des parcelles issues des trois terroirs principaux de l’appellation Madiran : nappe de Maucor, Argilo-Calcaire et Argiles Graveleuses.
Aire d'appellations
Les Appellations Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh sont situées dans le pays du Vic-Bilh, dans un coude de la rive gauche de l'Adour, aux confins de trois départements : le Gers, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques.
Environ 1 300 hectares sont déclarés en Madiran chaque année et 260 hectares en Pacherenc du Vic-Bilh. La production totale est de l'ordre de 65 000 hectolitres par an pour les rouges et 9 000 pour les blancs.
Dans le département du Gers, le décret mentionne trois communes : Cannet, Maumusson-Laguian et Viella.
Dans le département des Pyrénées-Atlantiques, l'Appellation Madiran compte vingt-huit communes : Arricau-Bordes, Arrosès, Aubous, Aurions-Idernes, Aydie, Bétracq, Burosse-Mendousse, Cadillon, Castetpugon, Castillon, Conchez-de-Béarn, Corbère-Abères, Crouseilles, Diusse, Escurès, Gayon, Lasserre, Lembeye, Mascaraàs-Haron, Mont-Disse, Moncla, Monpezat, Moncaup, Portet, Saint-Jean-Poudge, Séméacq-Blachon, Tadousse-Ussau et Vialer.
Enfin, le département des Hautes-Pyrénées comporte six communes : Castelnau-Rivière-Basse, Hagedet, Lascazères, Madiran, Saint-Lanne et Soublecause.
Pacherenc-du-Vic-Bilh
Le nom original et très ancien de l’Appellation Pacherenc du Vic-Bilh vient du gascon “Bi de Bits Pacherads” ou “vin de vigne en achalas” de la région du “Vic-Bilh” ou “Vieux pays”.
La nappe de Maucor : aux plus hautes altitudes
La nappe de Maucor, caractéristique des zones sommitales, est une étendue de galets déposés par les cours d'eau et se retrouve dans deux classes de terroirs. La première classe Nappe de Maucor-Plateaux se situe sur les plateaux d'altitude supérieure à 230 m. Elle qualifie environ 7 % du vignoble qui bénéficie du plus fort éclairement de l'appellation. La forte convexité facilite l'écoulement de l'eau. En contre-bas de ces plateaux, un terroir dit Nappe de Maucor-Hauts de coteaux pentus sud à sud-est décrit environ 6 % du vignoble. L'eau ne s'accumule pas sur ces fortes pentes où l'énergie reçue est la plus importante malgré un faible éclairement.
Des argiles graveleuses anciennes en haut des coteaux
En descendant les coteaux, la nappe de Maucor laisse place aux argiles graveleuses anciennes. Les terroirs Argiles graveleuses-Plateaux (5 % du vignoble) et Argiles graveleuses-Hauts de coteaux pentus sud à sud-ouest (4 % du vignoble) se rencontrent sur les bords de plateaux, particulièrement dans le secteur de Montpezat, Crouseilles et Madiran.
Au fil du temps, les cinq collines ont été disséquées par les cours d'eau, engendrant de nouvelles vallées. Sur le versant est des collines, les nouvelles formations s'étirent d'ouest en est et chacun de leurs versants a un terroir caractéristique.
Sur les versants exposés au nord, 3,25 % du vignoble est sur le terroir Argiles graveleuses- Milieux de coteaux nord. Cette exposition limite la réception d'énergie solaire. Le bon écoulement de l'eau est en lien avec la pente relativement forte.
Sur les versants exposés sud/sud-est, plus de 10 % du vignoble est caractérisé par le terroir Argiles graveleuses-Bas de coteaux sud à sud-est. Les valeurs de pente, d'éclairement ou d'énergie reçue sont dans une fourchette moyenne par rapport aux autres classes de terroir.
Des argiles bigarrées en descendant les coteaux
Cette dichotomie de terroirs relative à l'exposition des versants se prolonge sur les coteaux est. Des argiles bigarrées se rencontrent dans le prolongement des argiles graveleuses. Deux terroirs aux expositions différentes se distinguent : Argiles bigarrées-Bas de coteaux sud à sud-est (4 % du vignoble) et Argiles bigarrées-Milieux de coteaux nord. Cette dernière classe est la moins présente sur le vignoble (2 %).
Une majorité du vignoble planté en bas des coteaux sur les colluvions sur grep
Une majorité de parcelles en vigne sont qualifiées par la classe de terroir Colluvions sur grep-Bas de coteaux sud à sud-est (11 % du vignoble). Dans la continuité, 10 % du vignoble appartient à la classe Colluvions sur grep-Pieds de coteaux. Sur les versants opposés, exposés au nord, les plantations sont moins nombreuses puisque seulement 4 % du vignoble est qualifié par la classe Colluvions sur grep-Milieux de coteaux nord. Les colluvions sur grep se retrouvent aussi sur les coteaux ouest des collines, mais dans une moindre mesure (2 % du vignoble pour la classe Colluvions sur grep-Milieux de 66 coteaux pentus sud à sud-ouest). En amont de cette classe, les Argiles graveleuses-Milieux de coteaux pentus sud à sud-ouest qualifient 2 % du vignoble.
Les argilo-calcaires sur les coteaux ouest
Les coteaux ouest des collines sont plus abrupts et se définissent en grande partie par deux classes de terroirs de même nature géologique :
- Les Argilo-calcaire-Milieux de coteaux pentus sud à sud-ouest (3,79 % du vignoble) caractérisés par une forte pente et une courbure convexe.
- Les Argilo-calcaire-Bas de coteaux sud à sud-est (3,40 % du vignoble).
Climatologie
La région est sous l'influence prépondérante du climat océanique de l'océan Atlantique si proche. Toutefois, une tendance continentale agît au nord-est du vignoble. Le climat local donne des hivers doux et des étés chauds. Les précipitations, importantes pour un vignoble, sont bien réparties, au printemps et à l'automne. L'ensoleillement important et les précipitations modérées l'été constituent un élément qualitatif pour la maturité du raisin, à condition que l'orientation et la topographie des parcelles soient aussi favorables.
Encépagement
Le décret d'Appellation Madiran consacre le Tannat comme cépage principal et les Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon comme cépages secondaires. Le décret précise que le Tannat doit représenter entre 40 et 80 % de l'encépagement de l'exploitation. Lors de l'assemblage des cuvées, le Tannat doit représenter au moins 50 % du volume. Il n'y a pas de maximum, donc les cuvées 100 % Tannat sont autorisées.
Autrefois, l'encépagement régional était composé de Manseng noir, de Pinenc, nom local du Fer servadou et du Bouchy, nom local du Cabernet Franc ; dans les années 1860, le docteur Guyot signale le Tannat comme un cépage nouvellement introduit.
Pratiques culturales
Les vignes doivent être plantées à une densité minimum de 4 000 pieds par hectare, avec au moins 0,80 mètre entre les ceps dans le rang et 2,50 mètres au maximum entre les rangs. Dans le cas de vigne plantée en terrasse, la surface dévolue à chaque pied ne peut excéder 2,5 m2.
Le mode de taille de la vigne inclut le guyot, simple ou double, et le cordon de royat. Dans les deux cas, le nombre d'yeux (bourgeons fertiles) ne doit pas excéder quinze. Ce nombre de bourgeons doit être ramené à dix pour le Tannat et douze pour les autres après épamprage. Cette opération doit être réalisée avant la floraison.
Récolte
La charge maximale en raisin mesurée à la parcelle est limitée à 10 000 kilogrammes. Ce raisin ne peut produire plus de 55 hectolitres par hectare.
La maturité du raisin est déterminée par sa richesse en sucre afin de prévoir le chantier des vendanges. Le Tannat doit comporter au moins 198 grammes de sucre par litre. Pour les autres cépages, 189 grammes par litre suffisent. Cette différence provient de la quantité de polyphénols présents dans le tannat ; en cas de maturité insuffisante, ils confèrent au vin dureté et astringence, préjudiciables à leur appréciation organoleptique. Une fois vinifiés, ces raisins doivent donner un vin dont le titre alcoométrique dépasse 11,5 % de volume.
Le début de la récolte est tributaire de la publication du ban des vendanges, date convenue entre les représentants des vignerons et des représentants de l'INAO, en fonction des caractéristiques du millésime. Le raisin peut être récolté à la main ou à l'aide d'une machine à vendanger.
Le terme Tannat vient de la langue d'oc Tanat, de tan “tannin”, c’est-à-dire tanné, ce qui s’explique soit par sa richesse en tannin, soit par la couleur violacée des baies, soit encore par l’aspect basané du feuillage.
Ce cépage fait partie de la famille des Cotoïdes originaires du Sud-Ouest. Il est peut-être issu d’un métissage avec un cépage pyrénéen, car pour Guy Lavignac dans son ouvrage “Cépages du Sud-Ouest” le lobe médian de sa feuille est très semblable à ceux caractéristiques des Pyrénées. Il est sans doute cousin avec le Lauzet, un cépage originaire du Béarn.
On l’appelle parfois Moustroun (ou Moustrous) dans les Landes ou Bordelais noir (propre aux bordes, métairies, et non à Bordeaux) en Tursan.
Pour entendre parler pour la première fois du cépage Tannat, il faut se référer à l’enquête de l’intendant de Guyenne Dupré de Saint Maur (1783-1784) sur le sud-ouest du Gers. Ce qui est alors remarquable, c’est le petit nombre de cépages rencontrés.
En rouge, on n’en rencontre que deux, dont le tanat, “un raisin noir, sa feuille est ronde, peu piquée et de couleur rouge”. Il est probablement alors d’introduction récente (vers 1700 ?) car il correspond mieux aux labours modernes, à un besoin d’augmentation de la productivité de la vigne et au goût des habitants des vallées pyrénéennes, principaux consommateurs de Madiran de l'époque.
En 1841, monsieur Dartigaux-Laplante de Castelnau-Rivière-Basse adresse au préfet des plants du Madiranais pour le duc de Cazes et à destination du Jardin des Plantes.
Grappes cylindriques, compactes, avec des grains bleu-noirs à peau épaisse, colorée, le Tannat est un cépage tardif et productif. Il aime les sols graveleux et sableux.
Rappelons l’exceptionnelle richesse du Tannat en polyphénols, par nature anti-oxydants et qui font du Tannat le plus bel ambassadeur de ce désormais célèbre “French paradox”. Les propriétés anti-oxydantes du Tannat joueraient un rôle essentiel dans la protection contre les maladies cardio-vasculaires.
Dans son livre “The Wine Diet”, paru en 2009, édité en français sous le titre “Boire mieux pour vivre vieux”, le britannique Roger Corder, professeur de thérapeutique expérimentale au William Harvey Research Institute Queen Mary de l’Université de Londres, publie les résultats d’une étude scientifique démontrant que la durée de vie moyenne des hommes de plus de 75 ans dans le Sud-Ouest de la France (Gers) est la plus élevée de France. Au menu chaque jour : des produits frais et… un verre de Madiran !
En savoir plus :
• Raymond Nadine, qualification des terroirs du vignoble de Madiran et caractérisation de leurs expressions sur la production vitivinicole, mémoire d’école d’ingénieur, école d’ingénieur de Purpan, mai 2013